Paris le 8 février 2023 - Gate 7 a rencontré Mathias Stavroulis l’un des flight dispatchers du CCO de Transavia situé dans le tout nouveau siège de la compagnie à Cœur d’Orly. Le Centre de Contrôle Opérationnel est un grand plateau où l’activité ne s’arrête jamais et le centre névralgique de la compagnie. Mathias l’un de ses membres partage avec nous son quotidien.
En quoi consiste votre métier de flight dispatcher ou de technicien des opérations aériennes chez Transavia ?
Mon métier correspond en 2 postes différents et complémentaires que j'occupe alternativement d'un jour à l’autre :
· Le poste de préparation des vols : il s'agit de préparer en amont (2h avant le départ du vol) le dossier destiné aux pilotes. Je vais étudier la faisabilité règlementaire et technique du vol en analysant les différentes informations dont nous disposons (données météo, NOTAMs, état technique et performances de l'appareil,). L'itinéraire de l'avion sera ensuite déterminé en fonction des conditions météo du jour dont les vents en altitude et phénomènes particuliers à éviter (orages, turbulences par ex), la charge prévue et les restrictions éventuelles du contrôle aérien rencontrées. Un plan de vol contenant la route retenue et le bilan carburant associé sera ensuite édité, c'est la feuille de route de l'équipage lors de sa mission.
L’objectif de ce poste est d'étudier en amont les différents paramètres pouvant influer sur un vol, et de faire en sorte que l'équipage arrivant à son briefing ait toutes les informations pertinentes à sa disposition dans son dossier de vol pour ajuster sa stratégie.
· Le poste de suivi des vols : il s'agit là d'effectuer un monitoring en temps réel des mouvements des avions, de s'assurer du départ à l'heure des différents vols et anticiper toute dérive éventuelle du programme (en cas de retards, de divers soucis d'exploitation rencontrés tout au long de la vacation). Grâce à nos outils de suivi nous devons savoir en temps réel ce qu'il se passe sur chaque vol et où se situe chaque avion, le tout en lien avec les équipages, les différents métiers du CCO et les organismes du contrôle aérien.
Il s'agit aussi d'effectuer une veille opérationnelle de chaque vol : surveiller l'accessibilité météo sur les différentes destinations ainsi que les phénomènes en route, la situation du contrôle aérien (les régulations induisant des créneaux) ...et anticiper les modifications de plans de vol nécessaires si besoin.
Quelles sont les qualités nécessaires pour exercer ce métier ?
En tout premier lieu, je dirai une résistance aux situations stressantes et une grande réactivité. En effet ce métier est au cœur d'une exploitation qui peut être soumise quotidiennement à différents aléas pouvant survenir à chaque instant. C'est ce qui me plait énormément car il n'y a aucune routine dans ce métier, chaque journée est différente et chaque cas à gérer ou vol à préparer est unique.
Rigueur, autonomie et esprit d'équipe sont également des qualités indispensables pour être flight dispatcher.
Et autre aspect non négligeable, une hygiène de vie en adéquation avec le travail en horaires décalés, le poste tournant H24 365J/an.
Quel est votre meilleur et pire souvenir depuis que vous êtes en poste ? :
Mon meilleur souvenir est une anecdote qui m'est arrivée récemment. Un vol à destination de Toulon avait un créneau d'1h30 (= heure de décollage imposée entrainant 1h30 de retard) en raison de saturation dans l'espace aérien de Marseille. Après plusieurs essais, et en lien avec l'équipage, j'ai pu trouver une nouvelle route un peu plus longue de quelques minutes contournant cette zone et annulant ce créneau, ce qui a permis au vol de partir à l'heure. Un des passagers m'a contacté par la suite (le commandant de bord m'avait cité dans son annonce pour expliquer la modification de route aux passagers) pour me remercier en m'expliquant que grâce à cela il a pu arriver à temps au mariage d'un proche. Je dois avouer que j'ai été très surpris et cela m'a touché. Notre métier étant assez peu connu du grand public cette petite attention m'a fait très plaisir.
Mon pire souvenir est forcément la mise à l'arrêt de l'ensemble des opérations durant la période COVID. Voir l'ensemble des avions cloués au sol, un programme de vol vide et la plateforme d'Orly fermée…le tout associé à l'incertitude d'une éventuelle reprise était très démoralisant étant passionné par l'aérien et mon métier.
Propos recueillis par Christophe Chouleur pour Gate7
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