Paris le 19 novembre 2022 - La Fédération Nationale de l'Aviation et de ses Métiers présidée par Pascal de Izaguirre, PDG de Corsair, tenait aujourd'hui une conférence de presse pour faire un bilan de l'été 2022 mais également aborder les perspectives de l'Hiver 2022 2023 et les nombreux enjeux auquel le transport aérien français doit faire face.
Eté 2022 : un bilan positif
C'est Alain Battisti, PDG de Chalair, qui est revenu sur le bilan de l'été marqué par une forte reprise. Il a souligné que l'ensemble des acteurs avaient su s'adapter et apporter une régularité et qualité de service satisfaisants.
La demande a été forte même si elle n'était pas au niveau de 2019, l'année de référence pré COVID, en raison notamment de la réouverture timide et tardive des marchés asiatiques. Une mention toutefois pour la très belle performance sur les Antilles et la Réunion avec un taux de 110% par rapport à 2019.
Cette reprise s'est manifestée de façon inégale certains aéroports, comme Orly et Beauvais, récupérant plus fortement leur trafic et passagers alors que d'autres, comme Bordeaux ou Marseille, sont encore à la traine. Les passagers affaires sont également moins au rendez vous que les passagers loisirs ou VFR notamment sur les liaisons domestiques et européennes. Si cette tendance se confirmait dans la durée cela aurait un impact important sur la structure des revenus des compagnies.
Des perspectives positives malgré un environnement complexe
Marc Rochet, Directeur Général d'Air Caraïbes, a fait état d'un engagement de bonne qualité pour la saison hiver 2022 2023. Il constate que l'envie de voyager est forte et que le comportement des passagers rend confiant pour l'avenir. Il a pointé toutefois l'impact important de la crise économique et de l'inflation qui affecte les couts du pétrole, et les couts salariaux mais également la hausse du dollar qui concerne une bonne partie des achats.
Ces éléments conduisent à une augmentation inévitable des tarifs de l'ordre de 15 à 20 % une partie ayant déjà été intégrée dans le prix actuels. La situation reste par ailleurs compliquée pour les liaisons vers l'Asie ou l'allongement de la durée des vols, afin d'éviter le survol de la Russie, pousse également le prix des billets à la hausse.
La FNAM reste cependant optimiste pour la saison d'hiver malgré le contexte géopolitique et économique particulier.
De nombreux enjeux
Les enjeux auxquels doit faire face le transport aérien français sont nombreux et très structurants pour l'avenir du secteur.
La transition énergétique Le premier d'entre eux est celui de la transition énergétique dans lequel le secteur est pleinement engagé et pour lequel il suit une feuille de route précise vers la décarbonation. C'est l'un des rares secteurs qui s'est engagé aussi concrètement et qui affiche une ambition 0 carbone en 2050. Cela n'empêche pas un "aviation bashing" important dans les médias alors que le secteur est indispensable à l'économie mais aussi à la liberté de circuler et au rapprochement des individus.
La position de la FNAM sur le sujet est claire : la transition énergétique est indispensable et possible grace à de nombreux leviers dont les innovations technologiques, l'acquisition d'avions de nouvelle génération, l'optimisation des opérations (dont le contrôle aérien) mais aussi et surtout grace à l'utilisation de carburant aéronautique durable. ( CAB ou SAF en anglais)
La FNAM constate et regrette qu'il n'y a pas aujourd'hui pas de visibilité concernant les capacités et les couts de production de SAF, un levier qui permettrait de réduire de 80 % les missions carbone du secteur.
C'est pourquoi la FNAM souhaite ardemment la création d'une filière de Carburant Aviation Durable sur le territoire français qui assurerait l'indépendance énergétique du secteur.
Force de proposition, la FNAM demande au gouvernement de réunir l'ensemble des acteurs dont les producteurs d'énergie au sein d'un comité de filière et propose la mise en place d'un soutien à l'achat de carburant d'aviation durable.
Elle appelle de ses voeux une fiscalité incitative et non punitive pour accompagner le secteur dans sa transition.
La compétitivité du pavillon français
Le secteur aérien reste dans une situation économique fragile suite à la pandémie de COVID. Contrairement à la concurrence internationale, la France fait peser la totalité des couts de sureté sur les compagnies et les passagers. C'est pourquoi une prise en charge partielle de ces couts par l'Etat serait souhaitable et mettrait, sur ce sujet, les compagnies française et leur concurrentes sur un pied d'égalité.
Il est important de garder en tête que le secteur est une source d'emplois qualifiés localisés sur le territoire français et que les besoins de recrutement sont estimés à 2500 postes pour 2023 d'ou l'importance de rester compétitif et attractif. Des démarches de revalorisations salariales, de formation et de certification ont déjà été ou doivent encore être entreprises pour conserver le dynamisme du secteur et attirer de nouveaux talents.
La robustesse des opérations
Alain Bernard , Directeur Général des opérations d'Air France, a présenté un bilan positif de la saison d'été ou l'ensemble des acteurs se sont mobilisés pour assurer la régularité et la robustesse des opérations dans ce contexte de reprise. Contrairement à d'autres pays, et même s'i tout n'a pas été parfait, la France n'a pas connu l'été chaotique qu'on connu les Pays-bas, le Royaume Uni et même l'Allemagne. A noter toutefois un manque d'effectif important de la Police de l'Air et des Frontières qui pénalise fortement les temps d'attente tant au départ, qu'en transit qu'à l'arrivée. C'est pourquoi la FNAM insiste sur le retour à un niveau d'effectif précédent mais aussi plaide pour un nouvel élargissement de l'éligibilité de l'utilisation des parafes à de nouveau profils et une meilleure fiabilité technique de systèmes
Enfin le déploiement du Système EES, Exit Entry Schengen, pose de nombreux problèmes et une forte inquiétude persiste sur la possibilité de déployer en mai 2023 sans créer de très longues files d'attente. C'est pourquoi la FNAM prône une mise en oeuvre plus progressive de ces contrôles.
Dernier point, mais non des moindres, un appel est fait pour l'accélération de la modernisation des outils de contrôle aérien et du déploiement Sesar afin d'améliorer la situation du ciel européen.
Comme la mis en évidence cette conférence de presse, la première sous la présidence Pascal de Izaguirre, les sujets à traiter sont nombreux et capitaux pour l'avenir de l'aviation française. Nul doute que la FNAM saura faire valoir son point de vue et contribuera activement à l'élaboration de propositions.
Christophe Chouleur pour Gate7 photo @chchouleur et @fnam
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