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Femmes de l’Aéro et du Spatial : les femmes à l'honneur au Bourget

  • Photo du rédacteur: Gate 7
    Gate 7
  • 24 juin
  • 6 min de lecture

La 55e édition du Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace, qui s’achève ce dimanche 22 juin, a été marquée par un moment fort : la mise à l’honneur de la nouvelle opération Femmes de l’Aéro et du Spatial. Une initiative saluée lors d’un rendez-vous au cœur d’une semaine riche en rencontres et en échanges.


Frédéric Parisot, Délégué général du GIFAS, et Emmanuel Viellard, Commissaire général du Salon, et Juliette Duault, directrice de la communication du GIFAS, ont réaffirmé l’importance d’envoyer « un signal fort de la place des femmes dans le monde de l’aéro ». Frédéric Parisot a tenu à remercier chaleureusement « toutes les entreprises qui ont contribué au succès de cette opération lors de ce salon du Bourget », en soulignant la volonté collective de « renforcer leur place » dans une filière en pleine dynamique.


Durant toute la semaine, plus de 200 événements ont été proposés par une centaine d’acteurs du secteur – entreprises, associations, centres de formation – à l’attention du grand public. L’objectif : informer les jeunes, et notamment les jeunes femmes, qu’elles ont toute leur place dans l’industrie aéronautique et spatiale. Le message est clair : « Nous avons besoin de tous les talents. »


Les chiffres témoignent de cette vitalité : environ 222 000 personnes travaillaient dans la filière industrielle en 2024. Après le recrutement de 29 000 nouveaux collaborateurs, les besoins se poursuivent, avec plus de 25 000 embauches prévues d’ici 2027 pour accompagner le rythme de production.



Les marraines de l'opération Femmes de l'aéro et du spacial
Les marraines de l'opération Femmes de l'Aéro et du Spatial


À l’occasion de ce « Happening », le GIFAS a annoncé sa volonté de pérenniser l’opération Femmes de l’Aéro et du Spatial. Une première concrétisation est déjà prévue : la remise de huit prix, destinés à valoriser des parcours inspirants et à « reconnaître ces talents féminins en leur rendant hommage ». Cette cérémonie se tiendra le 3 décembre 2025, sous le parrainage de Virginie Guyot.


Enfin, Emmanuel Viellard a adressé un message fort aux nouvelles générations : « Je veux remercier toutes ces femmes et dire aux jeunes filles qui envisagent une carrière dans ce secteur : regardez ces parcours, écoutez leur voix ! »


De nombreuses marraines de l’opération étaient présentes pour exprimer leur engagement à poursuivre ces actions concrètes, en faveur d’une plus grande mixité dans les métiers de l’aéronautique et du spatial.


Dorine Bourneton pilote de voltige, a souligné l'importance de l'inclusion, en particulier pour les femmes et les personnes en fauteuil roulant, qui sont encore moins représentées dans les milieux de l'aéronautique, notamment dans le domaine de la voltige. L'intervenant mentionne une récente célébration d'entreprises qui s'engagent pour l'inclusion des personnes en situation de handicap, notamment en les formant pour des métiers de l'aérien comme pilote et mécaniciens. « Il est important de répliquer ce type d’initiatives pour continuer à promouvoir l'inclusion. »


Une répétition reprise par Claudie Haigneré a expliqué l'importance de la diversité dans les activités professionnelles, soulignant son enrichissement, sa synergie et son confort. Elle mentionne son engagement continu malgré sa retraite des affaires, notamment en travaillant pour l'agence spatiale européenne (ESA) et insiste sur la nécessité de la répétition pour faire évoluer les choses : « répéter, à différents endroits…la répétition est mère de l’apprentissage. Répéter ce message parce qu’on n’est pas encore au bout de l’histoire et qu’on a vraiment besoin que les choses évoluent. Alors, répétons-le dans deux ans et durant le temps qui nous sépare d’un prochain bel événement. »



l'affiche de l'opération

Anthéa Comellini, ingénieur spatiale Thales Aerospace et membre de l’ESA explique que la sélection des astronautes de l'Agence spatiale européenne, en 2022, a été influencée par un phénomène d'auto-censure de la part des femmes, en fonction de leur image et de leur conformité aux attentes sociales. Cela a conduit à un écart de 26% entre le nombre de femmes candidates et le nombre de femmes sélectionnées. Anthéa a souligné « l'importance d’inverser le narratif et de promouvoir la normalisation de la participation des femmes dans les professions masculines, en particulier dans le domaine de l'espace. Elle encourage les filles à suivre leurs passions et à ne pas se laisser influencer par les stéréotypes et les narratives négatives qui peuvent les décourager. »


Magali Jobert : déléguée générale de l’AFMAÉ (Association pour la formation des métiers de l'aéronautique), a exprimé son inquiétude face à la faible représentation des femmes dans les métiers de l'aéronautique, notamment dans les filières de mécaniciennes. Elle souligne le manque de femmes (7% actuellement) dans ces filières et la discrimination subie par les femmes dans les classes, où certains garçons laissent entendre qu'elles sont là pour la parité et qu'elles seront rapidement promues. Malgré ces difficultés, elle souligne l'évolution positive des entreprises envers les jeunes diplômés, notamment en alternance. Elle reconnaît l'importance de l'éducation, du milieu familial et du programme de formation pour favoriser l'ouverture d'esprit et la parité. Elle insiste sur sa passion pour la maintenance aéronautique et son objectif de transmettre cette passion à tous, garçons et filles, en s'efforçant d'équité.


Yannick Assouad, Directrice générale adjointe Avionique chez Thales Group et marraine d’une association engagée, alerte sur la faible présence des filles dans les métiers techniques, en particulier dans le secteur aéronautique. Elle voit dans certaines réformes scolaires récentes – notamment l’obligation des mathématiques en classes préparatoires – un facteur ayant contribué au recul de la participation des jeunes filles dans ces filières. Pour elle, la sensibilisation doit commencer dès le primaire et se poursuivre au collège, afin de déconstruire les stéréotypes et ces « billets de société » qui orientent encore majoritairement les garçons vers les études scientifiques. Elle plaide pour une réelle égalité de traitement entre filles et garçons en matière de compétences techniques, condition indispensable pour répondre au déficit de femmes dans les professions qualifiées et les postes à responsabilité des grandes entreprises.


Catherine Maunoury, présidente de l’Aéro-Club de France et aviatrice chevronnée, rappelle « le rôle historique et pionnier de l’institution dans le développement de l’aviation et de l’espace, tant sur le plan de l’innovation que dans la valorisation de l’aviation sportive. Sa nomination à la tête de l’Aéro-Club est perçue comme un signe fort d’évolution et d’ouverture. » Elle évoque notamment l’initiative Cap sur l’avenir, destinée à rassembler les jeunes et à les sensibiliser aux métiers de l’aérien, avec pour ambition de susciter des vocations en s’appuyant sur des exemples inspirants. Catherine Maunoury souligne également l’importance de l’émission hebdomadaire Ground Frequency, qui met en lumière des parcours de professionnels engagés dans l’univers de l’aviation.


Anne-Catherine Robert-Hauglustaine, directrice du musée de l’Air et de l’Espace du Bourget, a exprimé sa « préoccupation face à la faible représentation des femmes, en particulier des jeunes filles, dans les filières de l’aéronautique et du spatial. Elle a « identifié plusieurs freins, notamment d’ordre familial et scolaire, qui tendent à orienter les filles vers des voies plus classiques, au détriment des carrières scientifiques et techniques. Il est essentiel de sensibiliserles jeunes dès le plus jeune âge, afin de leur donner les clés et la confiance nécessaires pour envisager ces métiers d’avenir. » Elle plaide également pour une revalorisation des professions techniques et une meilleure intégration des sciences, des mathématiques et des technologies dans les parcours éducatifs. Très investie, elle a rappelé son engagement auprès de structures comme l’Académie des technologies ou l’Académie des sciences, et a réaffirmé son soutien à toutes les initiatives visant à promouvoir la place des femmes dans ces secteurs encore trop masculins.


Major Déborah Ferrand, fusilier-parachutiste au sein de l’armée de l’Air et de l’Espace, a partagé son parcours singulier de parachutiste de l’air. Elle a mis en lumière « les progrès accomplis en matière de féminisation au sein des forces armées, avec un taux de 24 %, faisant de l’armée de l’Air et de l’Espace la plus féminisée des armées françaises. Cette évolution est le fruit d’un travail de fond sur la communication et l’ouverture des carrières, avec plus de 50 spécialités accessibles. » Très émue, elle a exprimé sa fierté d’avoir participé au saut d’inauguration du salon et son envie de renouveler l’expérience. Convaincue du potentiel des jeunes femmes, elle les encourage à s’engager dans l’armée et à y construire des parcours épanouissants, riches de sens et de responsabilités.


Colonel Anne-Laure Michel, pilote de chasse dans l’armée de l’Air et de l’Espace, a confirmé « que la féminisation de l’institution est bien en marche, tout en soulignant que certains secteurs, comme la filière chasse, restent encore peu ouverts aux femmes. Elle insiste sur l’importance de poursuivre les efforts pour attirer davantage de jeunes filles dans ces métiers d’excellence, en luttant contre les stéréotypes qui persistent autour des carrières militaires. » Des actions concrètes sont menées pour susciter des vocations, notamment à travers la valorisation de témoignages inspirants. « On connaît le contexte géopolitique et sécuritaire actuel », a-t-elle rappelé, « et nous avons besoin de tous les talents ».


Gate7 / immer'com

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