Paris le 18 avril 2023 - Tarmac Aerosave a ouvert les portes de son site de Tarbes à Gate7 pour une visite complète des installations et un échange très riche avec Lionel G. Roques VP Sales. Maintenance, retour des avions en vol, diversité des domaines d’expertise de Tarmac Aerosave, 3 questions pour mieux connaître l’activité de Tarmac Aerosave.
1/ Quel bilan tirez-vous de la période de pandémie et de l’année 2022 ?
Avant la pandémie 80 % de nos clients étaient des sociétés de leasing qui faisaient appel à nous pour prendre en charge leurs appareils dans la phase de transition entre deux contrats de location. Le COVID a changé la donne et les compagnies aériennes qui ont dû gérer l’arrêt de leur activité ont fait appel à nous pour stocker, pour des durées plus ou moins longues, les avions dont elles n’avaient plus l’usage. Il a fallu nous adapter pour recevoir et assurer le maintien en conditions opérationnelles d’autant d’appareils et étendre nos capacités d’accueil et nos moyens humains pour faire face à la demande. C’est dans ce contexte que nous avions provisoirement étendu notre activité au site de Vatry.
20 % des avions stockés en Europe l’étaient chez Tarmac Aerosave dont 50 % des gros porteurs avec de nombreux Airbus A380, A350 et A330. Dans un marché très fragmenté, avec de nombreux petits acteurs, nous avons l’énorme avantage d’avoir la capacité de maintenance pour tous les types d’avions que nous accueillons, de l’ATR à l’Airbus A380 et trois sites de taille importante.
2022 a été une année de reprise de livraison des appareils stockés à leurs propriétaires, compagnies ou loueurs. Fin 2022, Tarmac Aerosave avait encore sur ses trois sites, Toulouse Francazal, Tarbes et Teruel en Espagne, 195 avions monocouloirs ou gros porteurs. L’année dernière entre les départs et les arrivées nos équipes ont dû gérer 260 mouvements d’avions sur nos trois sites.
En ce début 2023, nos équipes travaillent sur le retour en service de nombreux avions.
2/ Que deviennent les appareils stockés chez Tarmac Aerosave ?
Contrairement aux idées reçues, la grande majorité des avions que nous accueillons, repartent chez leur propriétaire, loueur ou compagnie aérienne à l’issue de leur séjour sur nos sites. Depuis 2007 nous avons re livrés 970 avions sur les 1430 que nous avons reçus. Les [MC1] autres sont toujours stockés sur nos sites ou ont été démantelés et recyclés. Le recyclage qui est l’une de nos expertises, n’est finalement qu’une petite partie de notre activité.
Lors de leur arrivée, les appareils sont pris en charge par nos équipes qui les préparent pour leur stockage. En fonction de la durée de stockage prévue ces procédures, encadrées par les programmes élaborés par les constructeurs, prennent plus ou moins de temps. Cela va de quelques jours pour un monocouloir de la famille Airbus ou Boeing qui doit rester peu de temps entre deux contrats, à quelques semaines, voire un mois, pour un Airbus A380 qui va séjourner longtemps chez nous. Il en est de même pour leur remise en service. Cela peut prendre parfois plus de temps si nous devons effectuer des rattrapages de maintenance ou effectuer de la maintenance préventive pour que l’exploitant l’opère sans contrainte de maintenance après l’avoir reçu.
3/ Démantèlement, recyclage, en quoi ces opérations consistent elles et comment s’assurer qu’elles sont exécutées en protégeant l’environnement ?
Il n’y a pas de réglementation internationale de type OACI ou EASA qui encadre le recyclage des avions et la régulation qui s’applique est différente d’un pays à l’autre.
Il faut distinguer les appareils qui ont encore leur certificat de navigabilité et les autres. Pour un avion qui arrive en fin de carrière, mais qui est navigable, 80 % de sa valeur résiduelle réside dans ses moteurs, ses trains d’atterrissage et l’avionique qui est à bord. L’intérêt du propriétaire est alors de vendre ces éléments qui serviront de pièces détachées pour les flottes en service. Cet actif est donc vendu à un broker une fois traité par Tarmac Aerosave.
Pour le reste, les matériaux tels que l’aluminium, le titane et autres matières sont dissociés et recyclés via des filières adaptées dans le plus grand respect de l’environnement. Certains déchets compatibles sont brûlés pour produire de l’énergie. Au final, un tiers de l’appareil est utilisé en réemploi et le reste est recyclé. Les déchets ultimes ne représentent que 1 à 2%. Il s’agit de fluides, huiles de cartouches pyrotechniques etc. C’est donc très faible.
Tarmac Aerosave milite pour qu’une réglementation incitative soit mise en place afin que les acteurs du secteur soient soumis aux mêmes règles de respect de l’environnement et que les entreprises vertueuses soient récompensées.
En ce qui concerne le futur, Tarmac Aerosave travaille avec les constructeurs et acteurs du recyclage en préparation de l’arrivée des appareils récents dont la composition a évolué et qui nécessiteront d’être traités autrement. Je pense notamment aux structures en carbone et matériaux composites, pour lesquels nous devons déjà anticiper l’adaptation de la filière en prévision de leur ? en fin de cycle, même si ce n’est pas pour demain.
quelques un des nombreux appareils préparés pour leur reprise de service.
Propos recueillis par Christophe Chouleur pour Gate7
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