2025, une année de transition pour Boeing
- Gate 7

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Paris le 16 décembre 2025 - En cette fin d'année 2025 Gate7 se penche sur le bilan de Boeing après plusieurs années diffiçiles. Pour Boeing, 2025 restera comme une année charnière, marquée par une volonté affirmée de redressement, mais aussi par des fragilités persistantes qui continuent de peser sur l’avionneur américain. Après plusieurs années de crises industrielles, réglementaires et d’image majeures, le groupe a tenté de reprendre la main, sous le regard attentif des autorités, des compagnies aériennes et du grand public.
Une priorité absolue : la sécurité et la qualité
En 2025, Boeing a poursuivi un virage stratégique engagé dès l’année précédente : replacer la sécurité et la qualité industrielle au cœur de ses priorités. Après les incidents et incidents graves qui ont entaché les Boeing 737MAX, le constructeur a multiplié les audits internes, revu ses processus de contrôle et renforcé la formation de ses équipes.
La direction a adopté un discours de transparence qui lui faisait défaut, reconnaissant publiquement les failles du passé et promettant une « transformation culturelle » en profondeur sous l’œil attentif de la FAA et des compagnies clientes.

Une production sous tension
Sur le plan industriel, 2025 n’a pas été une année sereine. Boeing a progressivement augmenté ses cadences sur certains programmes commerciaux, mais toujours à un rythme mesuré, loin des ambitions d’avant-crise. Les compagnies aériennes, confrontées à une demande mondiale soutenue, ont parfois exprimé leur frustration face à des délais de livraison encore longs.
Les relations avec les fournisseurs ont également été un enjeu majeur. Après des années de pression sur la sous-traitance, Boeing a cherché à stabiliser son écosystème industriel, conscient que la fiabilité de la chaîne d’approvisionnement conditionne son propre redressement.
Le rachat d’une partie de Spirit Aero Sytems, finalisé il y a peu, va lui permettre de reprendre le contrôle direct sur une partie cruciale de sa chaîne d’approvisionnement, notamment la production des fuselages du 737, afin d’améliorer la qualité et la sécurité après des incidents liés à des pièces défectueuses. Son intégration réduit sa dépendance à un fournisseur externe et renforce la stabilité industrielle, tout en gérant mieux les coûts et les délais de production.
Un carnet de commandes qui se regarnit progressivement
Sur le front commercial, Boeing a enregistré en 2025 une reprise prudente des commandes, principalement tirée par le segment des monocouloirs. Le 737, malgré une réputation encore fragilisée, est resté un pilier du carnet de commandes, porté par la forte demande mondiale pour des appareils moyen-courriers, plus économes en carburant.

Plusieurs grandes compagnies aériennes ont confirmé ou élargi leurs engagements envers Boeing, souvent dans une logique de diversification face à son principal concurrent européen. Toutefois, ces contrats ont fréquemment été assortis de clauses de flexibilité, signe d’une confiance encore mesurée. Les clients ont cherché à se prémunir contre de nouveaux retards ou interruptions de production.
En revanche, le segment long-courrier est resté plus contrasté. Les commandes de gros-porteurs ont progressé à un rythme plus lent, certaines compagnies préférant différer leurs décisions dans un contexte d’incertitude économique et de transition environnementale du transport aérien.
Les nouveautés du 777X, wingtips repliables et le gros moteur GE9X, ont soulevé des défis de qualification et de durabilité, obligeant Boeing et la FAA à des tests supplémentaires et retardant la certification. Ces retards ont entraîné des charges financières importantes, repoussé les premières livraisons (maintenant évoquées autour de 2027) et poussé certains clients à réviser ou annuler des commandes. Etihad a par exemple annulé la commande de 15 appareils. D’autres comme Emirates, malgré leur agacement contre les retards, ont augmenté leur engagement.

Des avions produits mais non livrés : un enjeu financier clé
Un autre défi majeur de 2025 a été la gestion des avions stockés, déjà assemblés mais non livrés. Boeing a poursuivi ses efforts pour réduire ce stock, en procédant à des inspections supplémentaires, des modifications techniques et des négociations individuelles avec les clients.
Chaque livraison issue de ce stock a été présentée comme une victoire industrielle et financière, mais le processus est resté lent et coûteux. Ces appareils immobilisés ont continué de peser sur la trésorerie du groupe, rappelant que la normalisation complète de la production est loin d’être achevée.
Une équation encore fragile
À la fin de 2025, le constat est nuancé : Boeing a recommencé à vendre, mais livre encore avec retenue. Le carnet de commandes, bien que solide sur le papier, reste dépendant de la capacité du groupe à stabiliser durablement sa production.
Dans un marché aérien en pleine croissance, la crédibilité du constructeur ne se joue plus sur les annonces commerciales, mais sur la régularité des livraisons. C’est sur ce terrain, plus que sur tout autre, que Boeing sera jugé dans les années à venir.
Au terme de l’année 2025, Boeing n’a pas encore signé son grand retour, mais il a posé les bases d’un possible redressement durable. L’entreprise semble avoir accepté que la sortie de crise prendra du temps, et que la prudence primera sur la course aux volumes.
Gate7/ Boeing







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