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Filière cadet : une formation exigeante. Interview d'Olivier Seyller chef pilote formation initiale

Gate 7 poursuit sa découverte de la filière cadets d’Air France. Après l’interview de Quentin Colas, pilote cadet en formation, Olivier Seyller, chef pilote en charge de la formation initiale pour Air France et Transavia, nous présente la filière pilotes cadets. Olivier Seyller est aujourd’hui commandant de bord sur Airbus A330 et A350 et affiche 15000 heures de vols sur des toutes sortes d’appareils du Jetstream super 31 en passant par le Boeing 777 avant de voler sur l’A330 et l’A350. Olivier est passionné par la formation qu’il exerce également en aéroclub. Quel sont les besoins de recrutement de pilotes au sein d’Air France et Transavia France ? Air France emploie aujourd’hui plus de 4000 pilotes. La période COVID et la baisse d’activité qu’elle a provoquée a vu de nombreux pilotes quitter la compagnie dans le cadre des plans de départ mis en place. L’activité est repartie dès l’été 2022 et 500 pilotes vont être mis en ligne en 2023 pour répondre aux besoins de la compagnie. Ils sont issus de divers horizons, d’autres compagnies, de compagnies cargo, de compagnies low-cost étrangères, de l’armée de l’air, d’écoles de pilotage. Quelques pilotes cadets qui ont continué à être formés pendant la période COVID vont également rejoindre nos rangs. En 2023 nous poursuivons les stages des sélections précédentes et nous avons ouvert les candidatures pour alimenter nos recrutements de cadets pour 2024. Nos besoins pour 2024 seront également de 500 pilotes tous profils confondus.



Olivier Seyller
Olivier Seyller, chef pilote en charge de la formation initiale pour Air France et Transavia


Que représente la filière cadet ? L’accord avec nos partenaires sociaux s’établie à environ 80 cadets par an, ce qui représente un effort financier important de la part de la compagnie. C’est un engagement fort pour que ces formations puissent être accessibles à toutes et tous. Quel est le profil des pilotes cadets ? Nous sélectionnons des candidates et candidats avec pour la plupart des profils universitaires déjà établis et prérequis qui répondent à nos besoins. Nombre d'entre eux viennent de deuxième année de classes préparatoire, école de commerce, PSI, écoles d’ingénieur ou niveau master. Quelques profils ont le niveau bac et l’ATPL théorique. Il faut également une certification TOEIC de 850 en anglais pour postuler. Comment se passe la sélection ? Le processus de sélection se déroule en trois étapes principales. La première appelée Psy 0 consiste à passer des tests en ligne. Environ 3000 candidats se présentent pour 80 places. Ce sont des tests en ligne de culture générale, de culture aéronautique, de compréhension de la langue française, des tests cognitifs et de représentation spatiale. Après cette première épreuve les 800 meilleurs candidats(es)restent en lice. Les personnes sélectionnées passent ensuite les Psy 1. Cette étape est organisée en partenariat avec l’ENAC et consiste à tester de façon plus poussée la représentation spatiale, le volet cognitif mais également à passer des tests psychomoteurs. Passé cette étape nous avons des candidats dont le niveau cognitif est certain, qui ont une bonne capacité de représentation spatiale, ce qui est très important pour le métier et qui sont habiles de leurs mains. On retient à peu près cinquante pour cent des candidats à l’issue de cette étape. L’étape suivante, Psy 2 permet de vérifier leur stabilité émotionnelle, leur capacité à travailler en équipe et leur leadership. Un entretien individuel permet d’évaluer la cohérence du parcours et la motivation du candidat(e). La motivation pour le métier est importante car c’est un facteur de réussite et d’épanouissement. Ces étapes réussies les candidats passent en commission sélection, qui regroupe quatre personnes, trois pilotes et un cadre supérieur de la compagnie extérieur à la division pilote, ou il est décidé ou non de recruter et de mettre en formation la personne. Les deux écoles retenues pour la formation sont l’ENAC et bientôt Airbus Flight Academy Europe. Air France n’a plus d’école en propre mais des partenaires de longue date, qui se chargent de la mise en formation et en stage des candidats. La formation dure deux ans. Les stagiaires bénéficient d’un CDI contrat de professionnalisation et sont rémunérés à hauteur de quatre-vingts pour cent du SMIC pour les moins de vingt-six ans et cent pour cent au-delà. Durant les six premières années au sein du Groupe une retenue sur salaire d’environ 600 euros est faite sur la rémunération. Durant la formation, ils passent leur ATPL théorique, leur CPL, leur IRME. Ils effectuent un stage en planeur et suivent une formation travail en équipage. A l’issue de leur formation ils sont affectés soit chez Transavia sur Boeing 737 et bientôt A320neo soit chez Air France sur Airbus A320 et ou A220. Quel est le taux de réussite à l’issue de la formation ? Aujourd’hui la sélection permet d’avoir des candidats qui répondent parfaitement aux critères, c’est pourquoi le taux de réussite se situe entre 95 et 97% . Comment évolue le rapport homme femmes dans la filière cadet ? Il y a une progression que nous jugeons aujourd’hui insuffisante dans le nombre de candidatures féminines et nous cherchons à attirer plus de femmes dans la filière. Les candidates qui se présentent ont le même taux de réussite que les hommes. Nous menons des campagnes pour mettre en avant des modèles féminins pour éviter que les femmes ne s’autocensurent et qu'elles s’identifient comme futures pilotes. Air France compte aujourd’hui neuf pour cent de femmes pilotes.







Y a-t-il une différence entre les cadets mis en ligne et les pilotes recrutés par d’autres biais ? Les pilotes qui viennent d’autres compagnies sur les mêmes appareils que ceux de notre flotte ont une formation accélérée que nous appelons mise à la norme Air France ou Transavia. Ils sont expérimentés sur la machine et nous les formons à nos process, notre réseau, notre façon de faire et au niveau d’exigence de la compagnie. Pour les pilotes militaires, notamment les anciens pilotes de chasse qui découvrent le métier de la ligne, nous les formons de façon conséquente au travail en équipage. Les cadets, tous comme les élèves pilote de ligne de l’ENAC ont une formation plus longue sur l’adaptation en ligne. Les différentes origines de nos recrutements sont un élément important dans notre culture de sécurité des vols. L’échange, le partage d’expérience nous permettent de progresser dans notre culture de sécurité des vols et de se nourrir d’autres pratiques. Dans tous les cas nous sommes convaincus qu’une excellente formation est la clé de la sécurité des vols.


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