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Interview :Un été placé sous le signe de la reprise pour l’aéroport de Bordeaux Mérignac

Gate7 a rencontré Jean-Luc Poiroux directeur du développement de Bordeaux-Mérignac pour faire le point sur la saison d’été qui démarre et aborder les grands enjeux de l’aéroport.

Gate7 :Comment se présente la saison d’été pour l’aéroport de Bordeaux ?


Jean-Luc Poiroux : Les mois à venir s’annoncent plutôt bien avec un volume de sièges proposés deux fois plus important que l’été précédent. Nous sommes cependant encore loin des chiffres d’avant la crise sanitaire où nous avions connu une fréquentation record de plus de 800000 passagers par mois. Comme pour beaucoup d’autres aéroports européens la reprise escomptée à partir du mois de mai a été plus tardive que prévu et se manifeste surtout depuis mi-juin.


L’aéroport de Bordeaux Mérignac va proposer de nombreuses lignes pour la saison estivale : 11 lignes en France, 55 lignes en Europe et 8 lignes vers l’Afrique du Nord.


L’aéroport de Bordeaux accueille de nombreuses compagnies les principales basées étant easyJet, Air France, Ryanair et Volotea.


Airbus easyJet à Bordeaux Mérignac


Les arguments qui ont nous permis de connaître une croissance de 9 % avant la crise sont toujours présents notamment un coût opérationnel plus bas et une flexibilité qui permet d’accueillir tout type de trafic. S’y ajoute pour 2021 une qualité sanitaire élevée tant pour l’aéroport, ou les passagers français peuvent effectuer des tests PCR gratuits au sein de l’aérogare, que pour la région aquitaine qui offre de grands espaces ou la distanciation ne pose aucun problème. Nous bénéficions également d’une image positive et offrons un tourisme multifacette tant urbain que loisirs avec par exemple les musées de Bordeaux, la dune du Pilat, des sites préhistoriques mondialement connus (Lascaux) ou les 250 kilomètres de plages entre la Gironde et le Pays Basque.

L’Aéroport de Bordeaux accueille cet été plus d’une vingtaine de compagnies les principales étant easyJet, Air France, Ryanair ,Volotea, KLM, Lufthansa, Swiss, Brussels Airlines, Aegean Airlines, Royal Air Maroc, Air Arabia.


Nos principaux marchés cet été sont la France, l’Espagne, l’Italie et la Grèce.

En ce qui concerne la destination France, un focus particulier est mis cette année sur la Corseavec en moyenne 5 vols quotidiens au départ de Bordeaux.Plusieurs compagnies sont en concurrence et tous les aéroports corses sont desservis. Nous proposons également des liaisons multiples vers Marseille, Nice, Lyon, Lille et Strasbourg.


L’Espagne est notre deuxième marché avec une offre vers Barcelone, Madrid, Alicante, Séville, Valence Malaga mais également vers les Baléares –Ibiza, Mahon et Palma de Majorque- et iles Canaries, Tenerife et Lanzarote. Mahon et Palma offrent un hébergement de qualité et des espaces protégés qui correspondent parfaitement à la clientèle Bordelaise dont le panier moyen dédié au déplacement et aux vacances est supérieur à la moyenne nationale.


L’Italie est également un marché important et plusieurs compagnies desservent Bari, Bologne, Bergame, Rome, Trévise, Venise et Naples ainsi que les îles avec Cagliari et Olbia en Sardaigne et Palerme et Catane en Sicile.


La Grèce est une destination qui connaît un fort engouement. Ce désir qui s’exprime tant pôur la grèce continentale que pour ses îles pourra être assouvi avec la compagnie nationale, Aegean Airlines vers Athènes et Héraklion mais aussi avec des vols de nos 3 compagnies low cost majeures vers Corfou, Mykonos, Rhodes et Santorin.


Enfin le Portugal est également plébiscité et nous proposons des vols vers Lisbonne, avec easyJet et Ryanair ainsi que vers Porto et Faro.

En revanche les restrictions de voyage au départ du Royaume Uni ont un impact considérable sur le trafic vers Bordeaux qui s’est effondré et reste pour l’instant très limité.

Enfin si la reprise a démarré plus tard que prévu nous sentons qu’il y a décalage et que la baisse de fréquentation qui commence d’habitude en septembre devrait se faire plus tard avec des mois de septembre et d’octobre plutôt prometteurs.

Gate7 :Comment la suppression de la ligne Air France vers Orly a-t-elle affecté l’aéroport ?


Jean-Luc Poiroux :Cette suppression a été un séisme non seulement pour l’aéroport mais pour l’ensemble des acteurs économiques de la région. Cette ligne représentait 566000 passagers en 2019 et entre 12 à 15 % du chiffre d’affaires de l’aéroport en tenant compte des revenus annexes tels que les parkings et les commerces. L’aéroport bien sûr mais également la région de Bordeaux par la perte d’attractivité économique qu’il pourrait en résulter vont souffrir de cette décision pendant plusieurs années. Jusqu’à présent, dans un contexte sanitaire qui n’incite évidemment pas aux déplacements, nous n’avons pas encore observé de report substantiels vers CDG.

Aujourd’hui rien n’indique que cette décision ait un impact positif sur le bilan carbone sachant que les trajets vers la gare en voiture sont souvent plus longs que vers l’aéroport et qu’arrivés à Paris Montparnasse de nombreux voyageurs doivent également effectuer des trajets plus longs et donc plus polluants en taxi pour se rendre à leur rendez-vous très souvent situé dans le sud de la région parisienne. L’allongement du temps de trajet global implique également un surcoût pour les entreprises qui doivent désormais prévoir une nuitée à Paris quand avant leurs salariés faisant l’aller-retour dans la journée

Gate7 :De plus en plus de vols sont réalisés par des compagnies low-cost, quel impact cela a-t-il sur une plateforme aéroportuaire comme Bordeaux ?


Jean-Luc Poiroux :En 2019 la part des low-costs était largement majoritaire à Bordeaux Mérignac et représentait 60 % du trafic. Leur présence a eu un impact bénéfique sur le réseau de lignes de l’aéroport. Pour s’en rendre compte, il ne suffit que de voir comment ces dessertes ont évolué en quelques années. Par exemple, en 2009 Bordeaux proposait 39 destinations pour 80 destinations aujourd’hui (jusqu’à 112 en 2019). Les low-costs, contrairement aux grandes compagnies de réseau ou « legacy carrier » s’affranchissent, d’une logique de HUB et se focalisent uniquement sur un meilleur maillage du territoire..


Bordeaux Mérignac dispose d’une infrastructure dédiée avec le terminal billi qui permet une exploitation adaptée. Compte tenu des circonstances il restera cependant fermé cet été toutes les opérations étant reportées au Hall A qui est pluridisciplinaire et permet d’exploiter aussi bien des vols domestiques que Schengen contrôlés ou non et internationaux. Cet été, au moment des pointes d’activité, l’utilisation du Hall B sera également réactivée.



billi le terminal dédié aux low-costs


Gate7 : En parlant de low-cost je constate que Transavia n’est pas présente à Bordeaux. Comment l’expliquez vous ?


Jean-Luc Poiroux :Ce n’est pas à moi qu’il faudrait poser la question mais à Nathalie Stubler ! Pour ma part je pense qu’elle y aurait toute sa place sur certaines lignes où Air France fait aujourd’hui face à des compagnies low-cost et où le trafic affaires est limité comme vers Lille, Marseille, ou Nice. L’expérience de ses développements au départ de ses quelques bases françaises montre qu’elle pourrait également sur Bordeaux s’intéresser à un grand nombre de liaisons européennes à dominante loisir, encore pas ou mal desservies.

Une des raisons est certainement que Transavia, si elle décidait de s’implanter, devrait le faire massivement compte tenu de la forte présence des autres low-costs. Cela l’obligerait de baser plusieurs avions pour offrir suffisamment de destinations or sa flotte, même si elle grandit, reste limitée.

Par ailleurs, la préservation des créneaux horaires d’Air France à Orly dont ceux de feu La Navette de Bordeaux reste avant tout sa première priorité.

Gate7 :L’écologie est devenue un enjeu stratégique pour tous les aéroports, comment l’aéroport de Bordeaux se transforme-t-il pour répondre aux nouvelles exigences et aux attentes du grand public ?


Jean-Luc Poiroux :C’est un axe majeur pour l’aéroport de Bordeaux Mérignac qui se traduit d’abord par un niveau d’investissement élevé dans nos infrastructures actuelles ou futures. Notre objectif est d’atteindre la neutralité carbone avant 2030.

Nous menons également toute une série d’actions comme par exemple la récupération des eaux de pluies dans de nouveaux bâtiments, l’installation d’urinoirs secs, le remplacement des véhicules de piste par des véhicules électriques ou la plantation d’arbres pour réduire les ilots de chaleur formés par les parkings. Nous avons également installé des prises destinées aux véhicules électriques sur les parkings visiteurs comme ceux du personnel ainsi que des zones de stationnement vélos et deux roues.

La zone aéroportuaire qui couvre 850 hectares, est un lieu de biodiversité important où l’on trouve une faune et une flore très variées et nous terminons sa cartographie afin de prendre les décisions nécessaires pour encore mieux les protéger.

Enfin nous entretenons des relations avec les riverains et travaillons sur la réduction des opérations de nuit. Gate7 : Où en est-on du prolongement de la ligne A du tramway vers Bordeaux-Mérignac et plus généralement quid de la desserte de l’aéroport en transport en commun ?


Jean-Luc Poiroux : La mise en service est prévue pour le deuxième semestre 2022. Les études de Bordeaux Métropole ont montré que le Tram concerne avant tout les 10000 salariés qui travaillent à l’aéroport et aux alentours dans la zone hôtelière et les bureaux. Nous pensons qu’il pourra également être emprunté par des clients de l’aéroport qui voyagent « léger », low-cost ou ceux qui font l’aller-retour dans la journée.

Une desserte en technobus est prévue. Ce bus rapide à service performant permettra à de nombreux travailleurs de la zone industrielle de bénéficier d’un mode de transport efficace et rapide. Il roulera en site propre sur certains tronçons. Il s’arrêtera à la gare de connexion de Pessac Alouette qui dessert Bordeaux Saint Jean et assure une interconnexion avec les lignes TER vers le bassin d’Arcachon, Dax et les Landes. Nous travaillons également avec Le Train une nouvelle société ferroviaire qui offrira des connexions en rames TGV vers d’autres villes au Nord de la région pour lesquelles l’aéroport ne sera plus qu’à une heure de trajet.


Vue du Hall A de Bordeaux-Mérignac

Gate7 : L’expérience client est également un enjeu important. Que fait l’aéroport de Bordeaux pour améliorer les parcours et l’expérience des passagers ?


Jean-Luc Poiroux : Nous avons entrepris plusieurs chantiers pour encore mieux répondre aux attentes de nos clients. Ainsi nous avons installé 5 postes de contrôle automatique de passeport « parafe » au hall A qui complètent les aubettes et améliorent la fluidité. Nous avons également revu tous les circuits passagers internationaux et sommes en train de finaliser les travaux du nouveau terminal international, le satellite 3, qui offrira des espaces plus vastes, plus de flexibilité aux compagnies et un niveau de service et de confort élevé pour leurs clients. Nous espérons pouvoir l’ouvrir au cours de l’été en fonction de la reprise du trafic.


Interview par Christophe Chouleur pour Gate7

photo aéroport de Bordeaux Mérignac





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