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L'aviation s'engage pour réduire son empreinte écologique: entretien exclusif avec le SNPL France

Dernière mise à jour : 28 sept. 2020

Paris le 25 septembre - Christophe Chouleur


Nous poursuivons nos entretiens dans la cadre de notre série "Le secteur aérien s'engage pour réduire son empreinte écologique".

Aujourd’hui, Gate7 fait le point avec le SNPL France ALPA qui appelle à la mise en place d’un mécanisme de prix-plancher pour les billets d’avion au niveau européen.

Le Syndicat national des pilotes de ligne, SNPL France ALPA, représente, très majoritairement, près de 8000 pilotes en France, puisqu’environ 70 % des pilotes basés en France sont adhérents.

Le SNPL est le seul syndicat de pilotes à être représentatif au niveau national, et à un domaine d’intervention à tous les niveaux : entreprise – national - européen.

Antoine Godier, commandant de bord A320 et membre du bureau exécutif du SNPL répond à nos questions.

Gate7 : Alors que le secteur aérien mondial se bat pour sa survie et que de nombreux emplois ont déjà été perdus, certains députés européens ont voté en faveur d’une taxe sur le kérosène qui n’a pas été finalement retenue. A votre avis, y a-t-il une méconnaissance du sujet ou le transport aérien commercial est-il devenu un bouc émissaire facile ?


Antoine Godier : Le SNPL a totalement conscience des enjeux et de la nécessité de la transition écologique pour le secteur aérien.

En revanche, il ne soutient pas l’idée d’une taxe telle qu’elle était présentée. Comme cela a été démontré, notamment par l’étude réalisée par Carbone4, le premier cabinet de conseil indépendant spécialisé dans la stratégie bas carbone et l’adaptation au changement climatique avec lequel le SNPL travaille sur les questions de transition écologique du transport aérien, les dispositifs fiscaux n’ont aucun sens et n’ont qu’un impact environnemental très faible s’ils ne s’appliquent pas au niveau mondial. C’est pourquoi, le SNPL prône l’application de règles unifiées qui s’appliquent à tous les acteurs en Europe et au-delà.

Une taxation au niveau français ou au niveau européen n’aurait aucun impact sur le climat et pénaliserait les transporteurs français et européens au bénéfice d’autres compagnies non soumises à ces règles et qui ont pourtant accès au marché européen. Elle serait totalement contre-productive et empêcherait les compagnies d’employer ces montants pour renouveler leurs flottes avec des appareils nouvelle génération qui consomment et polluent moins.

Si une telle taxe avait été votée cela aurait été la mort du transport aérien européen et de la connectivité des pays européens avec tous les impacts économiques et sociaux que cela implique.


Avec l’OACI, il existe déj àdes outils permettant de coordonner les efforts et les actions en faveur d’un transport aérien plus vert au niveau mondial dans le respect des objectifs chiffrés et des engagements déjà pris pour 2050.

Gate7 : Le SNPL soutient un prix plancher pour les billets d’avions. Pourquoi ? ne craignez-vous pas que cela in fine renforce les low-costs telles que Ryanair et exclue une certaine partie de la population de l’avion ?

Antoine Godier : Le principe est de fixer un prix minimum au voyage aérien, court, moyen ou long courrier, prenant en compte la réalité de sa valeur, et d’éviter par là même le dumping environnemental et social auquel nous assistons.

Le prix plancher permet d’envoyer au client un « signal prix » qui prend en compte l’impact écologique et sociétal du coût du transport aérien. Ce montant de 40 euros vient d’une proposition faite initialement en Autriche, il n’est pas figé et peut servir de base de discussion.

Notre proposition n’a en aucun cas pour objectif de réserver le transport aux classes plus aisées ce à quoi la proposition de taxe européenne défendue par certains députés, tout comme l’écotaxe avancée par la Convention Citoyenne sur le Climat, aurait abouti.


Contrairement aux idées reçues, le transport aérien n’est pas un mode de transport de riches mais est et doit rester accessible à tous.

Il est en revanche important que les passagers prennent conscience que l’on ne peut pas continuer de payer son billet d’avion 15 euros tout en payant un parking d’aéroport 80 euros pour la durée de son séjour. Il ne doit plus être possible de proposer des tarifs déconnectés de la réalité.

Quant aux revenus supplémentaires générés par ce prix plancher rien n’empêche qu’ils soient fléchés vers des mesures en faveur de la réduction de l’empreinte écologique, c’est d’ailleurs bien là tout l’aspect vertueux du dispositif.

Notre proposition a pour mérite de poser le débat. Aux différents acteurs dont les compagnies, qui pour l’instant gardent un silence poli, de s’en saisir.

En tant que syndicat nous souhaitons que ce débat soit abordé sous tous ses aspects en prenant en compte la dimension écologique mais eégalement les aspects sociaux dont l’emploi.

Gate7 : La reprise s’annonce très difficile tant que la majorité des frontières sont fermées ou que les déplacements sont soumis à de nombreuses contraintes sanitaires (test PCR etc.). Pensez-vous comme le directeur de l’IATA qu’il faille lever les restrictions aux frontières ?

Antoine Godier : Les perspectives de reprise sont très sombres principalement en raison de l’incertitude et du changement permanent des régles qui empêchent les voyageurs de prendre l’avion.


Pour que la reprise ait lieu, Il est indispensable de mieux coordonner les actions des différents pays et en cas d’évolution de la situation de bénéficier d’un délai de preéavis suffisant.

Les passagers ne reprendront pas l’avion tant, qu’à tout moment ils pourront se trouver en risque de ne pas rentrer chez eux, de se retrouver en quarantaine, d’avoir un nouveau test à passer. Le manque de visibilité actuel et l’instabilité empêchent toute reprise.

Il y aura un avant et un après Covid dans la manière de voyager comme il y en a eu un après les attentats du 11 septembre 2001. L’impact sera même plus profond surtout si la situation actuelle perdure encore longtemps.

L’enjeu principal pour les compagnies sera de redonner confiance aux passagers et d’adapter l’offre aux nouvelles attentes des clients.

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L'aviation s'engage pour réduire son empreinte écologique

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